lundi 28 mai 2012

Chronique : Architects - Daybreaker


Aujourd'hui, le metal s'apparente à un véritable cours d'architecture. Entre le mathcore qui revient en forçe, ce curieux et pas désagréable "djent" qui a surgi un peu de nulle part (bien qu'il serait né des compos de Meshuggah, et popularisé par Periphery ou Textures, entres autres) et qui est, au-delà d'un sous-genre de metal de plus, à la frontière du meme Internet au même titre que le dubstep, et les noms de groupes comme Structures, Volumes, Textures, Architects... Ben oui, et bientôt on aura le groupe Triangle Isocèle qui nous jouera du Pythagore death. Et c'est justement d'Architects dont je vais parler ici. Leurs premiers albums étaient de purs marteaux-piqueurs, un assemblage de riffs totalement fous, complexes, une déconstruction des mélodies formidablesun chaos hypnotique et épileptique, jusqu'à leur plus gros bricolage à ce jour, "Hollow Crown", une des références absolues de l'évolution actuelle du genre. Sur "The Here And Now", on avait plus affaire à du placo qu'à du béton. Le gros virage mélodique était fort intéressant, mais trop brutal, il n'y avait aucune cohérence avec les précédents albums. Sortie de piste, on rentre au stand. Mais aujourd'hui, les mecs ressortent la boîte à outils pour nous percer un nouveau trou dans le mur du son, avec "Daybreaker". Est-ce bien cette fameuse retrouvaille de couilles que le groupe a promis, ou un malheureux bricolage de manouche? Allô Castorama? Un petit contrôle qualité s'il vous plaît. PAPALAPAA!

En écoutant les différents teasers et morceaux postés sur la toile, j'ai été soufflé. Le groupe semblait y avoir trouvé un parfait équilibre entre mélodie, complexité et ambiances. Eh bien sur le reste de l'album, je n'ai (presque) pas du tout été déçu. "The Bitter End" nous emporte délicatement avec quelques notes de xylophone, jusqu'à ce que Sam Carter commence à hurler. Tel un bon gros coup de marteau Peugeot (patriotisme assumé), ses progrès sont frappants, son cri est ultra-puissant et perçant tel une Black & Decker, qu'on comparera vite à ce que pouvait (je dis bien "pouvait") nous sortir Chester Bennington. Très grosse mise en bouche, qui nous emmène vers deux des trois morceaux qui nous annonçaient l'album jusque là. D'abord "Alpha Omega" et ses premières secondes très metalcore US à la "I, The Breather", sa structure tubesque "couplet-refrain-couplet-refrain-final" classique mais entrecoupé de riffs progs et math qui font mouche, et son final qui nous laisse sur le cul, très typé... Linkin Park curieusement, avec un Sam qui pousse sa voix aussi loin que possible, à faire frissoner l'auditeur. Et ensuite, "These Colours Don't Run", ce morceau qui a tellement surpris et rassuré les fans. On y navigue entre accords atmosphériques et chaos lourd à souhait, sur un texte très revendicateur et rassembleur. Arrive ensuite "Daybreak", qui nous emmène vers un hardcore mélo et des accords metalcore mathy. On a déjà pu entendre ça sur "The Here And Now", mais la technique est bien plus présente, et les mélodies mieux travaillées. Le tout nous donne un rendu très aérien et rassembleur. Ça ressemble un peu aux dernières compos de leurs grands copains de chez Bring Me The Horizon. Le final est majestueux, Sam nous offrant ses toutes meilleures lignes de chant, les guitares qui s'entremêlent, s'envolent... "Truth, Be Told" est un très beau morceau dans une optique post-hardcore, au refrain qui restera collé en tête comme on colle une équerre au mur avec une Super Glue 3. Il commence avec quelques accords simples, doux, accompagnant le chant clair de Sam, glissant doucement sur l'instru, avant d'enchaîner sur un refrain énorme, intense, Sam nous envoûte encore une fois avec son chant clair et ses hurlements super puissants, pleins d'émotions. Le morceau suit le même schéma jusqu'à arriver sur un plan prog limite jazzy, qui fleure bon l'époque "Hollow Crown", ou surgissent des "Wohooo" à la letlive., qui nous emmène vers une explosion atmosphérique. Et revoilà notre fameux refrain surpuissant. Un morceau qui écrase l'auditeur par sa puissance, autant dans la mélodie que l'agressivité, et la complexité. "Even If You Win, You're Still A Rat" est un autre bon morceau dans la lignée metalcore ambiant. Et qui en plus accueille un invité, en la personne de Oli Sykes. Ce dernier nous livre une énorme surprise, en chantant d'une voix beaucoup plus aiguë et mature, qui gagne beaucoup en puissance. Quand moi et mon meilleur pote, on dit aux pessimistes que le prochain BMTH sera un très grand disque, il faut nous faire confiance. Passons. Je regrette cependant que ce featuring ne se limite qu'à un couplet et une partie hurlée avec Sam. D'ou la déception que j'ai eu avec le titre suivant, "Outsider Heart". Déception que le featuring avec Drew York, chanteur de Stray From The Path ne se limite qu'au quelques premières secondes du morceau! Outre le fait que le morceau soit la aussi au top, le featuring est quasi-anecdotique, on aura aimé savoir ce qu'il aurait pu apporter à ce morceau déjà puissant et lourd... Voilà ensuite "Behind The Throne", un morceau ambiant, délicat, toutes guitares débranchées. C'est l'heure de la pause, on range les outils. Ici, le morceau fait la part belle à la voix de Sam. Une petite accalmie dans le chaos, qui fait son petit effet et nous fait voyager un peu. On ressort les perceuses et les marteaux-piqueurs avec "Devil's Island", un autre morceau utilisé comme teaser de l'album. Ça débute dans une ambiance un peu hypnotique à la Deftones, avant d'exploser et d'enchaîner sur un chaos déchaîné, un puissant combo couplet-refrain plus mélodique à te faire chanter en choeur avec les potes, qui enchaîne à nouveau sur le chaos, et un breakdown diabolique, avant de repartir comme le morceau à commencé, mais à l'envers. Ce morceau arrache le papier peint pour en remettre toujours une bonne grosse couche et le redéchirer après, et aurait tout à fait sa place sur "Hollow Crown". "Feather Of Lead" est un morceau purement hardcore, entraînant, trahissant les influences premières du groupe, en gardant toujours ce côté ambiant. Ça bastonne tel une bonne défonceuse pour le bois. Le bricolage se termine avec "Unbeliever", bien différent du reste, qui achève le boulot en beauté. Un morceau post-hardcore atmosphérique et ensoleillé, qu'aurait pu composer The Elijah. Le morceau progresse doucement, tranquillement, avant d'exploser sur la fin, dans un déluge de cris et guitares à foutre la chocotte.

Conclusion: En voilà du bon boulot! En un peu plus de 40 minutes, ces bricoleurs nous ont bâti un nouveau visage de leur musique, plus chaotique et maîtrisé que sur "The Here And Now", mais toujours plus mélodique et accessible que "Hollow Crown" et ses prédécesseurs. Evidemment, beaucoup seront déçus de ne pas retrouver la noirceur et la violence pure de "Hollow Crown", mais il faut aussi reconnaître le boulot qu'à fourni le groupe ici, pour diversifier sa musique sans refaire l'erreur passée de tout miser sur la mélodie, booster ses parties mélodiques, et intégrer intelligemment le côté "mathcore" originel du groupe dans chaque composition pour ne pas trahir son passé et leurs plus anciens fans. Les gars ont évolué dans le bon sens, et me laisse ici une très bonne impression, et un bon disque qui oui, a quand même retrouvé des couilles. Ca c'est du bricolage de champion.

Tracklist:

01. The Bitter End
02. Alpha Omega
03. These Colours Don't Run
04. Daybreak
05. Truth, Be Told
06. Even If You Win, You're Still A Rat
07. Outsider Heart
08. Behind The Throne
09. Devil's Island
10. Feather Of Lead
11. Unbeliever

"Daybreaker" sort le 28 Mai en Europe et le 5 Juin aux USA, chez Century Media Records. Il est disponible en digital et en physique.

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