samedi 19 janvier 2013

Chronique : Suns - The Engine Room



Cher lecteur, chère lectrice. C'est un honneur particulier pour moi, que de vous parler de cet album qui m'a particulièrement ému, et fait voyager. Une bande-son merveilleuse lorsque l'on se ballade dehors, et qu'un ciel bleu, au matin, fait briller un léger tapis de neige déposé au sol durant la nuit (instant "landscape de banlieue représente" du jour). Voici "The Engine Room", de Suns. Un nom de groupe contradictoire, tant la musique qu'il nous propose est sombre et introspective. Par cette chronique et cet univers musical, je vous souhaite la bienvenue dans mon moi profond. Un lot d'émotions traduit en musique, en somme. Tout est assemblé en un seul bloc dans la salle des machines, dans les rouages de l'âme. Des émotions fabriquées par des chaînes rouillées, usées par l'effort, et l'humidité de la sueur et des larmes. La ou les rouages du temps côtoie ceux de la mécanique du cœur.

Le voyage commence avec "Repulse". Un répulsif à la joie, au soleil. Ici, on est en plein dans une ballade noire, triste. Quelque part entre Radiohead, et les instants posés de Thrice. Une entrée en matière des plus troublantes et prenantes, nous faisant lentement glisser vers "Crocodile", qui commence tout en douceur, avant de s'emballer vers un paysage plus rythmé, vers des contrées emo punk. Ce morceau est très proche du passé emo crasseux de Jimmy Eat World, avec une dose de ténèbres en plus, preuve en est l'atmosphère angoissante du milieu du morceau, laissant imaginer une vieille porte s'ouvrant lentement, grinçant fort, laissant le visiteur un peu trop curieux s'engouffrer dans ses tristesses, dans un paysage sombre et désert, laissant ensuite la place à une explosion punk grinçante, grasse, mais sensible, l'emo à fleur de peau.  Le morceau suivant, "Struggle" nous noie davantage dans cet univers noir et dépressif, presque théâtral, avec d'abord ces doubles voix qui ne cesseront donc jamais de nous achever par leur beauté, leur délicatesse et leur sensibilité, et ensuite ces explosions punk noisy hurlées, toujours fidèles à l'emo crasseux du milieu des années 90. Vient ensuite "Happy Sounds", un titre contrastant pas mal avec l'atmosphère générale du morceau, très mélancolique. Enfaite, c'est surtout les voix qui jouent sur l'atmosphère. Toujours pleines d'émotion, de douceur, de mystère, qui deviennent également éraillées ou fantomatiques au rythme des explosions, des progressions des morceaux. Voilà ensuite "Lover, Lover", un brûlot emo-punk braillard et touchant, noirci par quelques parties de chants ténébreux et des ambiances froides héritées du shoegaze, ou de la new wave. Une sorte d'intro à "I Could've Made Time". Le morceau qui m'a totalement achevé, et fait frissonner. Le point d'orgue de cette descente au plus profond de soi. Un morceau très grunge, puissant, rappelant fortement l'univers destructuré et tordu de Nirvana lorsque celui-ci ne se travestit pas pour la radio, lorsque celui-ci était encore punk. Mais toujours avec ces voix claires et touchantes caractéristiques de l'emo. Un vrai petit bijou. S'en suit "Whippoorwill Lane", qui débute tranquillement, nous envoûtant avec une instru tranquille, avant que les voix ne s'envolent, et que le morceau n'explose dans l'emo-punk éthéré et brumeux que le groupe joue si bien. Les machines continuent de siffler, les rouages font toujours tourner la mécanique, lentement. Au milieu de tout ce déluge, il y a "Machine Stream". Une douce ballade acoustique, tendre et sensible. La part de douceur qu'il reste dans l'univers chaotique et sombre qui règne entres les rouages. Une douceur qui te mène tranquillement vers le dernier titre, "The Engine Room". Le titre le plus serein et enjoué de l'album, mais toujours plein d'émotion et de lourdeur. Dans toute cette mécanique bancale, il reste une part de soleil, de joie. Ça, c'est avant l'explosion chaotique du morceau. Un déluge de larsens, de guitares triturées, hurlantes, rappelant "I Could've Made Time", achevant l'album d'une manière assez épique. Les machines se taisent, dans un ultime sifflement. Et le silence. L'apaisement.

Conclusion : J'ai écouté beaucoup d'albums emo, j'en découvre chaque semaine, la plupart sont bons, mais celui-ci fait réellement partie du niveau supérieur. Cet album est constitué d'une recherche évidente, pour un ensemble transcendant, envoûtant, terrifiant de profondeur. On ressent une certaine théâtralité dans le chant et certains couplets, et beaucoup d'émotions. Il est impossible de ne pas être un minimum sensible aux compositions éthérées et sombres du groupe, si l'on est fan d'emo. Un album que je vous recommande ardemment, et un grand de coup de cœur, que j'écoute en boucle depuis une semaine...

Si le nom du groupe évoque le soleil, il s'agit alors d'un soleil noir, laissant le froid envahir les parcelles les plus sombres et solitaires de l'âme, illuminant la mécanique mourante d'un cœur saignant, mimant la joie.

Tracklist : 


01. Repulse
02. Crocodile
03. Struggle
04. Happy Sounds
05. Lover, Lover
06. I Could've Made Time
07. Whippoorwill Lane
08. Machine Stream
09. The Engine Room

"The Engine Room" se télécharge à prix-libre sur la page Bandcamp du groupe. Pour 5€ ou plus, vous pouvez y acheter un t-shirt du groupe, avec l'album en cadeau.

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