mercredi 22 octobre 2014

Sed Non Satiata : un nouveau single en eaux troubles, mais pas trop.


L'un des grands crus de notre scène screamo nationale, Sed Non Satiata, va bientôt sortir un split avec les excellents Carrion Spring. Bientôt, c'est sûrement entre Novembre et Décembre. Mais bref, avant toute chose, voyons ce que Google me suggère lorsque je recherche une image pour illustrer cet article :




Maintenant, passons à l'essentiel : la musique. Nommé "Minéral", ce nouveau single extrait du split se veut être peut-être l'un des plus beaux sons que Sed Non Satiata ait enregistré jusque là. Toujours aussi intriguant, aérien et à fleur de peau, leur alchimie entre screamo et post-rock (et même quelques petits riffs emo) est toujours aussi bien dosée... Et il faut croire que ça le sera à jamais. Mais ici, y'a encore un truc en plus que je ne saurais expliquer. Mais on s'en fout, parce que c'est beau. J'ai hâte de pouvoir poser ce disque sur ma platine, et de rêver comme un gosse avec. Merci pour ce que vous faites les gars.

"Au pied de cette immense étendue trop grise, 
Je fixe, pétrifié, la courbure de l'horizon."


lundi 20 octobre 2014

Les nouveaux albums de Pianos Become The Teeth et Restorations en streaming.



C'est dire à quel point je l'ai attendu ce nouvel album de Pianos Become The Teeth. Après le formidable LP The Lack Long After, l'un des tout meilleurs disques de l'alchimie screamo/post-rock de ces dernières années à mes yeux, les garçons de Baltimore reviennent cette année avec un disque bien loin de cette époque. Keep You est en effet beaucoup plus... Serein ? En effet, on dirait que Kyle Durfey (chant) est désormais en paix avec soi-même, mettant de côté son cri déchirant et sensible au possible, préférant miser sur un chant tout aussi sensible et tremblotant, mais plus enjoué, plus doux. Instrumentalement, c'est également plus pacifique, plus lumineux. On sent que les influences post-rock et indie ont largement pris le dessus. Plus question de screamo désormais, Pianos Become The Teeth est un groupe nouveau, qui va désormais officiellement déclencher les passions des petites nanas qui traînent sur Tumblr et qui écoutent La Dispute en boucle, chose qui commençait à devenir le cas depuis quelques temps, et surtout depuis le single "Hiding". Ça va faire râler les skramzeux, mais je suis sûr que la nouvelle mouture de PBTT va faire fondre le cœur des plus fragiles d'entre eux. Je vous avoue que j'ai pas mal de peine que le groupe se soit éloigné de ses influences originelles, et j'avais peur de me faire chier avec ce disque, en écoutant les extraits postés sur les Internets... Mais ce nouveau disque n'est pas à jeter. En effet, c'est dur d'accrocher au premier abord, mais c'est quand même bien beau au final. Le final "Say Something" n'est vraiment pas aussi épique que "I'll Get by", mais il réserve quand même sa dose d'adrénaline et de frissons. Ça s'écoute par ici, tranquillement, posé avec un café, les yeux fermés. Puis ensuite, tu iras t'écouter un autre nouveau disque, qui m'a fait avoir le zizi tout dur.




Alors là, gros coup de cœur. Le nouvel album de Restorations, le quintet de Philadelphia, reprend à merveille la formule atypique qu'il avait présenté avec LP2 : un punk rock teinté de shoegaze et d'un stadium rock à la Bruce Springsteen. Avec le nouveau disque, tout simplement nommé LP3, Restorations assume davantage son alchimie magique, avance en laissant parler ses amours musicaux de toujours. En gros, ils suivent le même chemin que Chamberlain avec son album The Moon My Saddle. C'est puissant et chaleureux au possible, aussi aérien et enivrant que rock'n'roll et tendu. Dès le premier titre "Wales", tu es tout de suite mis dans le bain. Des échos sur des guitares aussi gruffy que célestes, un spoken word d'une voix éraillée de crowner, et des solos de gratte qui alternent avec des tremolos-pickings pas loin du post-rock, le tout t'emmenant vers "Separate Songs", son country  (punk) rock avec de l'orgue et du soleil de fin de journée qui se finit avec quelques douces notes... Vraiment, cet album, c'est de la magie. C'est hyper éclectique, libre de toute étiquette. C'est simplement du vrai beau rock alternatif au final. Ça s'écoute et se ré-écoute par ici, et ça finira sûrement dans pas mal de top 10 des punxs de cette planète. Et peut-être dans le mien...

Bisous.

dimanche 19 octobre 2014

Live report : The Saddest Landscape + Frameworks + The Tidal Sleep @ Le Picolo, Saint-Ouen, le 11/10/2014



OK, c'est la crise. C'est pas forcément une nouveauté, mais je l'ai constaté concrètement sur ce concert que j'ai co-organisé. Je ne vous parle pas de la crise financière hein, mais de la mort certaine de la scène screamo en France. J'y reviendrais plus tard sur cet article. La flamme qui brûlait si fort y'a 10 ans encore dans nos petites salles s'est éteinte, il n'en reste plus que des fumerolles, soigneusement entretenues par quelques kids qui y croient encore, et que je remercie chaleureusement de partager le même espoir que moi. Et ces kids étaient là, heureux et impatients d'assister à la prestation des trois bandes. Sur la petite et conviviale scène du Picolo (Saint-Ouen), perdue au milieu des revendeurs à la sauvette de téléphone volés quelques minutes plus tôt et du marché aux Puces, les américains de The Saddest Landscape se sont produits en cette soirée du 11 Octobre avec leurs compatriotes de Frameworks, les jeunots qui pourraient bien prendre leur relève à l'avenir, et les allemands de The Tidal Sleep. Je disais récemment sur un live report que j'ai rédigé pour AlternativNews sur le concert d'Hexis + Rainmaker + Another Five Minutes que j'avais assisté à l'un des concerts de l'année. Eh bien le show de ce Samedi entre également en lice. Retour sur une soirée riche en émotions fortes, pures, et communicatives... 

La soirée a été ouverte par The Tidal Sleep, que certains kids attendaient plus encore que les américains ! Il faut dire que les garçons ont fait forte impression cette année avec leur nouvel LP Vorstellungkraft ("imagination" en français), qui font en gros ce que Pianos Become The Teeth ne feront plus à l'avenir, comme je le disais à l'un des guitaristes parfaitement francophone. C'est ce disque qu'ils ont représenté en majorité, devant un public acquis à leur cause. Entre arpèges flamboyants et screamo retentissant aux riffs très lourds, il était difficile de ne pas se laisser emporter dans cette musique aux thèmes personnels et introspectifs. Ce fût le premier concert de la formation en France, et ils étaient surpris de l'accueil qui leur était réservé, et à juste titre. Ils ont démontré que la puissance de feu de leur musique aussi aérienne qu'abrasive, sublimée sur disque par la production de Jack Shirley, pouvait frapper aussi fort sur scène. Le guitariste au français sans faute nous a particulièrement remercié d'être présents ce soir, et pour notre engouement envers eux, nous expliquant que The Tidal Sleep n'est que le fruit de la passion de chacun des membres pour leur musique, qu'ils ont tous un travail et qu'ils tournent pendant leurs vacances. Ils vendaient ce soir-là un PUTAIN DE MAGNET A COLLER SUR TON PUTAIN DE FRIGO. Sérieusement, tu peux pas faire plus 90's, ces mecs ont tout compris. En dehors de ça, je pense que les spectateurs qui ne connaissaient pas The Tidal Sleep ont dû avoir une belle surprise en les découvrant ce soir...

Et qui d'autre mieux que Frameworks pouvait mieux assurer la transition entre les allemands et la tête d'affiche ? En effet, l'un des groupes les plus prometteurs du roaster Topshelf Records distille un post-hardcore marqué par des complaintes brut de décoffrage, et un son saccadé et acerbe mais toujours teinté de mélodies poignantes. Entre l'époustouflante "Old Chokes" issue de Small Victories, le single "Loom" issu de l'album du même nom, et "True Wealth" et son intro dantesque, le groupe a su piocher dans le meilleur de sa discographie, dans un set court mais intense... Ponctué de leur cover survitaminée de "Fell In Love With A Girl" des White Stripes, présente sur un split avec The Saddest Landscape qui y ont eux repris "Burning Flight" de Inside Out, et qu'on pouvait se procurer au stand de merch. Quelques sing-alongs se sont improvisés, pour le plaisir des américains qui ne s'attendaient sûrement pas à un tel accueil. Il faut dire que même dans la scène qu'il représente, le groupe est vraiment très peu connu en France, j'ai moi-même été surpris. Pour ma part, j'ai trouvé que ce qui caractérise le son de Frameworks se dévoile beaucoup plus en live, un son qui symbolise au mieux la colère, une colère hurlée avec une conviction palpable. Les garçons n'avaient rien à envier aux headliners tant attendus depuis leur dernier passage en 2010 à Paris, et je parie qu'ils se risqueront à repasser nous voir à l'avenir...

... The Saddest Landscape. LE groupe screamo à l'heure actuelle. Celui qui synthétise au mieux ce que ce style musical représente. 4 ans qu'on les attend en France, et les voilà, fiers et heureux de partager leurs morceaux avec un public parisien pas aussi nombreux que prévu sur l'event Facebook, mais qui aura vécu l'osmose, qui l'aura incarné, une passion et une joie qui s'est transmis dans toute la salle, sur les mines des musiciens. Andy Maddoxx, le frontman, nous a confié qu'il aime particulièrement les concerts ou les sing-alongs pleuvent, ou il peut hurler en communion avec la foule, se mêler à eux, ou la chaleur humaine est à son paroxysme. Il aura pu vivre un moment intense ce soir, les corps se mouvaient, s'entrechoquait, et les larmes coulaient... De sueur, de joie ou de tristesse, ou ne savait plus. Nous n'étions plus sur Terre. The Saddest Landscape nous a fait voir la plus belle des soundscapes, en jouant aussi fort que possible, d'un aspect autant musical que sur le plan mental. Andy chantait au plus près des spectateurs, leur laissant le champ libre pour venir hurler avec lui. Les musiciens débitaient leurs mélodies et cassures rythmiques avec précision et bravoure, ce qui a fini d'achever un auditoire qui aura vite été à bout de force face à ce flot déchaîné d'éther. Evidemment, nous avons eu la chance de pouvoir voir le groupe nous jouer "Eternity Is Lost On The Dying", ou une bonne dizaine de personnes sont grimpés sur scène pour chanter ce fameux "we are desperate kids doing extraordinary things and we are just like you", avant que Andy ne se jette dans la foule, dans une apothéose quelque peu cathartique. Ce qui était censé être leur dernier morceau ne l'a heureusement pas été... Les américains visiblement à bout eux aussi n'ont pas pu résister à l'appel du public, qui voulait au moins juste un titre en plus, histoire de vivre l'évasion jusqu'au bout (un mot qui revient souvent, décidément...). Et ce fût "The Sixth Golden Ticket" qui a clôturé la cérémonie. Tout aussi poignant et émouvant que le morceau précédant, les emokids se tenaient le bras, chantant ensemble, ou savourant tout simplement l'instant présent, ces émotions qui pouvaient presque se toucher du doigt. Un moment de partage rare et intense qui restera gravé dans les mémoires des musiciens comme du public. Ce fût peut-être le dernier passage de The Saddest Landscape en France, et le groupe a reçu l'accueil et les remerciements qu'il méritait, surtout après une prestation aussi solide et passionnée.

Maintenant, venons-en à mon incompréhension personnelle, qui va plus loin qu'un simple coup de gueule... Pourquoi avoir eu si peu de monde avec un plateau pareil, avec un tarif aussi réduit ? Pourquoi ce mouvement est-il autant en perte de vitesse en France alors que vous êtes beaucoup à vous en plaindre ? Car il n'y a pas qu'à ce concert-là que j'ai remarqué que le public était de moins en moins présent, mais je l'ai constaté de plein fouet étant passé de l'autre côté du comptoir. Certes, dans notre minorité nous sommes un public parfois plus fun et réactif que nos voisins allemands, italiens, anglais... Et ça c'est bien, c'est entre autres pour ça qu'on a encore des affiches cools comme celle-ci qui peuvent encore se produire chez nous. Mais en ce moment, et depuis quelques mois, jamais un concert ne dépasse 100 entrées (c'est pas rare de voir des concerts à Paris avec difficilement plus de 10 entrées). Pour le concert de ce Samedi, plus de 110 personnes ont répondu présent sur l'event FB, et 70 ont réellement été présentes. Et c'est de pire en pire à chaque concert. Non messieurs dames, vous n'avez pas tout vu de cette scène, vous loupez tellement de jeunes talents ! Si vous commencez même à ignorer des pointures telles que The Saddest Landscape, c'est que quelque chose ne tourne vraiment pas rond... Je me souviens d'un concert de The Wonder Years il y a quelques mois à Paris, qui n'a réuni que 10 personnes... On m'a souvent raconté que les parisiens étaient habitués aux concerts, qu'il y en avait tellement dans leur ville qu'ils choisissent délibérément d'en zapper au profit des gros noms. Quitte à tuer les petites assos qui se démerdent à faire venir des groupes pas tous aussi talentueux que peut le prétendre sa fanbase certes, mais qui méritent le coup d’œil pour certains si ce n'est plus, que ces assos vont venir de loin à perte. ce "support your scene" que la scène punk scandait il y a 10 ans là aussi. Un certain laisser-aller s'installe, au grand dam des groupes qui sont pourtant quasi-tous très excités à l'idée de jouer devant nous. Une fois avoir vécu l’atmosphère d'un concert parisien tel qu'on les connais aujourd'hui, cela les décourage de venir se représenter chez nous. Dépenser du temps, de l'argent et de l'énergie devant 20 gus aux bras croisés qui parlent à leurs potes pendant les chansons (quand ils ne consultent pas leur smartphone), c'est pas forcément motivant t'as vu. Et quand ce n'est pas un problème de monde, c'est un problème d'humeur. J'ai fait pas mal de concerts depuis 2 ans ou la plupart des spectateurs tiraient la tronche, blasés par ce qui se jouait devant eux, parfois carrément blasés par ceux qui persuadés d'avoir déjà tout vu. C'est quand même dramatique. A partir du moment ou le groupe a un message fort, qu'il joue une musique avec passion, on peut pas leur réserver un accueil aussi morose... Ou alors OK, tu découvres le soir-même et t'accroches pas, ça arrive. Mais par respect (sauf si le groupe est ouvertement raciste, sexiste, homophobe ou partisan des tongues), tu vas pas leur tirer la gueule quoi, c'est pas très posi. Heureusement qu'il reste quelques personnes passionnées par ce qu'ils écoutent, qu'ils soutiennent leur scène en se rendant aux concerts, en achetant des disques. Et puis, je parle de Paris, mais en province, c'est pas forcément mieux. Beaucoup de monde ici pleure la perdition du mouvement emo en France, le fait que beaucoup de tournées évitent soigneusement l'Hexagone,  etc... Mais on le cherche un peu, vous croyez pas ? Les groupes n'ont sûrement pas envie de risquer des sous (ou d'en faire perdre aux tourneurs) et du temps en venant jouer devant une vingtaine de personnes dont la moitié n'accrocherait pas à leur musique. Si on était un peu plus nombreux (ou moins flemmards), on aura déjà plus de chance de voir nos groupes favoris passer par nos petits bars miteux ou petites salles de banlieue ou il y fait bon vivre quand on est tous ensemble, que ce soit autour d'une pinte ou d'un verre d'eau. Bon sang, faites vivre votre scène, ne soyez pas persuadé d'avoir tout vu, venez aux concerts, venez faire de belles découvertes, puis on s'amuse bien au final dans ces petits shows...

vendredi 17 octobre 2014

Xerxes : J'ai écouté "Collision Blonde" après du Joy Division, et je trouve ça mieux.



Je vais me faire beaucoup d'ennemis en disant ça, mais déjà : YOLOOOO ! Et puis vraiment, j'arrive absolument pas à accrocher à Joy Division, j'ai essayé... Je leur préfère largement New Order ou The Cure. Mais bref, on est pas là pour parler de musique sous Prozac ou de old school, mais de old school gueulé. C'est un peu le but du nouvel album de Xerxes, les rejetons de chez No Sleep Records, un label un peu sur une pente descendante ces derniers temps (j'ai par exemple été un peu déçu par l'album de Moose Blood, mais bon, y'a les derniers disques de Balance & Composure et State Faults qui rajoute une tonne chacun à la balance...). Les garçons ont décidé de changer leur son sur Collision Blonde, leur deuxième album, après avoir changé de line-up. Leur hardcore sensible est désormais teinté de post-punk, et ça fait un peu penser à une version shoegaze de Self Defense Family, ou une version hardcore du groupe de Robert Smith, au choix.

Ils prennent ainsi clairement leurs distances du premier album Our Home Is A Deathbed qui se voulait lui être une pure dose d'éther brut déchirante et percutante, mais qui avait son équivalent un peu partout dans leur scène. Avec son nouveau disque, produit par monsieur Evan Weiss (Into It. Over It., Their/They're/There...), Xerxes s'émancipe, rend sa colère moins brutale, gagne en maturité. Il y a même des relents de D.C hardcore dans cette nouvelle mixture sonore comme peut le témoigner "Chestnut Street", et c'est vraiment cool d'entendre des kids jouer de ce son quelque peu mis de côté en ce moment. C'est intriguant, suffisamment énervé et tendu pour nous prendre à la gorge, et ces guitares désormais aussi nauséeuses que noisy rendent plus obsédant encore leur univers sonore. D'une piste entièrement chantée en spoken word ("(but here we are)"), on passe à des morceaux à la structure carrément rétro punk rock noyée sous un océan de réverb ("Collision Blonde") ou à des titres un peu plus fidèles aux origines de la bande ("Nosedive"). On peut s'attendre à rien, ça maintient en haleine, et il est là, le gros point fort de Collision Blonde.

Avant de conclure cet article, j'ai vu que Vice leur a vomi à la gueule, il faut vraiment qu'ils se rachètent des oreilles ces mecs-là... Je ne m'attendais absolument pas à être autant surpris par ce second opus, et ça fait plaisir. Je pense que ça va passer assez souvent dans mes oreilles en cette fin d'année, j'adore ce contraste entre expérimentations, tourments lacrymaux et mélodies hypnotiques. Ça s'écoute juste en-dessous, et ça sort officiellement le 21 Octobre. Je comprends pas du tout l'artwork par contre, si quelqu'un peut me l'expliquer, ce serait mortel.

Bisous.


mardi 14 octobre 2014

Gazers : 3 nouveaux lacrymogènes in da face sur un split dément.


J'étais tenté de nommer cet article "3 nouvelles fournées", puis mon bon sens m'a dit non, et j'ai pas envie que la LDJ fasse fermer mon blog et que mes disques soient brûlés en l'honneur d'Alain Jakubowicz. Gazers, c'est ces garçons pas contents originaires de Paris (ou presque) qui arpentent beaucoup de shows screamo et hardcore parisiens depuis maintenant 2 ans, et qui ont récemment fait une tournée avec The Prestige. Après avoir sorti un EP éponyme qui dévoilait un son lourd, oppressant, presque misanthrope, mais qui avait bien besoin de prendre de la bouteille... Chose qu'ils avaient jusque là tendance à descendre plus qu'autre chose. Ces trois nouveaux morceaux sont parus sur un 3-way split, ouvert par les Polonais de Fleshworld, qui balancent un son tantôt sludge/black poisseux et tendu, tantôt post-machin céleste, un tout formant un ensemble poignant et prenant, un groupe très intéressant dont il ne faut surtout pas rater les titres. Sur ce split figurent également les Italiens de Viscera/// qui achèvent le split à la hache, à la laque et au LSD en jouant d'un metal métronomique assez inqualifiable et surprenant, qui fait se croiser du shred, du sludge, des accents heavy metol, et même un couplet tout doucereux chanté en clean sur "Nobody's Diary", le tout majoritairement relevé par un black tantôt TRVE tantôt cascadian. Impressionnant.

Pour revenir à nos moutons, le quintet parisien veut montrer qu'il bosse dur pour faire évoluer sa musique, que Gazers est en pleine mutation. Ils ne renient toutefois pas leur passé, en remettant au goût du jour le titre "The Decline" présent sur l'EP, la meilleure de celui-ci d'ailleurs, désormais un peu plus "claire", la rendant plus accrocheuse à l'oreille, plus directe. Pour être franc, la petite pause instrumentale du milieu est du coup devenue plus intéressante... Cette reprise est située entre deux nouveaux morceaux : "Rush", qui commence par une plage ambiante, presque apaisante, tout en finesse... ET VLAN DANS TA GUEULE, là ils te sortent un truc à te faire avoir une crise cardiaque, ça bouscule d'un coup en un hardcore punk lourd et dissonant. Avec ce titre, on entend déjà un bien meilleur dosage du chant, faisant désormais davantage s'égosiller Hans (guitare), contrastant avec le chant aussi caverneux que cru de Loïc. Le groupe a appris à distiller un son gras sans basculer dans un gimmick sludgy d4rk qui peut vite tourner en rond, en laissant parler leurs envies, et ça fait plaisir.

Et puis voilà LA killer track de leur jeune carrière jusque là : "Epilogue". La parfaite symbiose du Gazers nouveau, une compo solide et forte. Un équilibre justement dosé, une structure relativement atypique (d'un méchant plan hardcore 2-step, tu passes à des plans blackisants, et tu finis dans un élan skramz), un fil conducteur qui devient rapidement celui qui te pendra à court terme, qui sait. La voilà leur pièce maîtresse, cella ou le groupe montre vraiment ce qu'il a dans le ventre et le cœur... Et en plus ça chante en français ! Pas étonnant : chez les gaziers, on aime le screamo à la française. Un petit reproche, le petit riff à 3:00 est hyper mal calé, c'est dommage, j'ai l'impression qu'il est pas du tout dans le tempo. Quoi qu'il en soit, avec ces titres, ils dévoilent ainsi un son mieux maîtrisé, toujours lourd mais sans forcément sombrer dans une noirceur facile, et de nouvelles bases pour aller plus loin, notamment vers un LP qu'ils nous préparent doucement mais sûrement, ou j'espère notamment retrouver quelques uns de ces brûlots pas loin de la powerviolence qu'ils débitaient il y a quelques temps en concert... Allez, la gazeuse c'est en bas, masquez-vous les yeux. Puis je vous ai mis tout le split, histoire de ne pas louper les deux autres formations qui valent franchement l'écoute et vos petits likes sur Facebook.

Bisous.

mercredi 8 octobre 2014

Découverte : Vi som älskade varandra så mycket (screamo/post-rock, Suède)



Tu comprends rien au nom du groupe, moi non plus, mais on s'en fout, c'est génial. J'ai découvert aujourd'hui grâce à un confrère de chez Metalorgie qui connait TRÈS bien mes goûts musicaux ce quartet au nom hyper chiant à prononcer et à retenir : Vi som älskade varandra så mycket. Son premier album au titre non moins chiant à prononcer, Den sorgligaste musiken i världen, a été mis en ligne aujourd'hui, et c'est un excellent disque. Un screamo/post-rock aux couleurs shoegaze, à fleur de peau, terriblement puissant et enivrant. A ne surtout pas manquer si vous aimez les patrons de la swedish skramz mafia Suis La Lune, et deux autres jeunes formations du coin : Disembarked et Shirokuma. Vous me direz que pour un premier album, c'est d'un niveau vachement élevé, mais le groupe a sorti une poignée d'EP/splits entre 2012 et 2013, ce qui leur a laissé le temps de s'affûter, de mûrir, de trouver leur voie.

Ce LP est prenant du début à la fin, croisant le fer entre arpèges célestes, rythmes complexes et saccadés, quelques notes de piano par ci par là, et explosions skramz déchirantes. Il y a même quelques petites escapades ténébreuses et acoustiques qui me font penser à The Black Heart Rebellion (je pense à l'intro de "Storm och längtan" ou à "Vi går och går och går sönder")... En oubliant toute objectivité, je pense qu'il définit relativement bien le terme "épique", je ne parle même pas du merveilleux final "Illusionen om oss", qui tirera une larme à toute personne censée ayant une âme... Ou alors c'est moi qui est trop fragile, j'en sais rien, au pire laissez-moi tranquille et puis voilà, voilà. Voilà.

Je vous avouerais que ça me brise allègrement les couilles de ne pas comprendre un mot de suédois, j'ai envie de savoir ce qui peut se hurler avec autant de peine de de conviction... Quoi qu'il en soit, c'est un premier album à découvrir d'urgence, à écouter à fond, en se laissant emporter sans se retenir, c'est du rêve et du catharsis servi en kilotonne. Une des grosses surprises de cette fin d'année... Et après, vous me ferez le plaisir d'enchaîner sur The Last Dawn de Mono qui a leaké siouplé, merci.

Bisous.


dimanche 5 octobre 2014

Rouille : La música calma y (ultra)muere.

 
 

Ca me saoule un peu de commencer par une rétrospective pour justifier l'écoute d'un nouveau projet musical, mais pour le coup, rien que pour l'ego et par une certaine dose de fanatisme sûrement liée à mon insouciance de babtou fragile, je suis obligé. Depuis quelques années, un groupe manque cruellement à la scène française, un groupe que je considère important bien au-delà de la simple scène screamo, bien au-delà de l'existence humaine, et des framboises : Amanda Woodward. Qui mieux qu'eux dénonçaient la connerie humaine en jouant des mots et des maux sans devenir chiant ou trop compliqué à suivre ? Qui avant eux avaient tenté l'audace dans leur scène de mélanger deux mondes qu'à priori tout oppose : le hardcore et le dub/reggae ?... Fugazi diront certains, mais c'est pas vrai, et eux c'est encore autre chose. Puis à leurs concerts, il y avait une ferveur démente, un feeling que tu ne trouves quasiment plus en France aujourd'hui quand un groupe screamo joue, c'est vraiment triste. Actuellement, la plupart des membres de cette formation mythique sont partis jouer dans diverses formations, plus ou moins vivantes à l'heure actuelle : Guns Of Brixton, Maussade, Death Mercedes, Burning Bright... Et fût un temps, Mort Mort Mort. Beaucoup sont ceux qui réclamaient et veulent encore une réapparition d'Amanda, qui s'est eclipsée au sommet de sa gloire en 2006. Moi-même, je rêve toujours aussi fort d'avoir un jour la chance de la voir en concert... Regarde un peu la groupiasse que je suis. Bon, jusque là, pour me consoler, je me suis contenté de voir plusieurs fois Death Mercedes en concert, qui se voulait à peu près être la relève directe des caennais, bien qu'en plus néo-crust. J'aime bien ce nom de genre, c'est rigolo, t'imagines des crusties en jogging Adidas avec un DJ à veste à patchs et un chanteur qui pose pour les sappes hors de prix de Porsche (Chester Bennington le fait), ou genre Ekkaia jouer au Zénith avec Korn et se faire remixer par Skrillex ? Moi non plus.
 
Il y a quelques jours, je traînais comme environ tout les soirs sur mon newsfeed FB, histoire d'oublier l'ennui, et puis voilà que je tombe sur une publication de Désordre Ordonné, un petit label québécois, qui nous conseillait d'écouter un groupe nommé Rouille, qui contient le batteur d'Interlude. Quoi, tu connais pas ? C'est juste l'un des groupes les plus underrated de sa scène, alors que l'album 10 000 Ans De Vengeance est une branlée interstellaire et semi-francophone, va écouter ça de suite si tu ne connais pas, ou meurs. Et donc, ils font donc maintenant équipe avec... LE CHANTEUR D'AMANDA WOODWARD.


 
 


Eh oui, il est encore actif, le monsieur ! Etant presque élevé au rang de mythe (parce que ce gars, c'est aussi du chant et/ou de la gratte chez AlcatrazCarther Matha, Peu Être, 2138 et Kiss The Bottle, rien que ça), tout les forums traitant de la scène emo et des mecs de la scène pensaient qu'il avait disparu, qu'il était parti de l'autre côté du Pacifique, y'en a même qui disent qu'ils l'ont vu voooleeeer, puis un commentaire un peu moins "hoax" laissé sur une page Facebook disait que ce monsieur était actuellement en Espagne et avait un projet sur les rails. Et le voilà concrétisé, ce projet, en ligne sur Bandcamp depuis le 15 Septembre. Rouille, c'est loin d'Interlude, loin d'Amanda Woodward, et loin d'être du metal... Ouais, trop facile, je sais. Et puis après tout, tant mieux non ? Je veux dire, si c'était une bête copie de La Décadence de la Décadence ou d'Ultramort, ça n'aurait plus d'intérêt ni d'authenticité, c'est pas cool de faire des rip-off de son passé pour satisfaire sa fan-base, ça fait même pas vraiment plaisir à sa propre caboche. Prends Ritual Mess par exemple. Si t'as loupé mon article sur les groupes à ne pas rater en ce moment; voilà un petit topo : c'est 3 mecs qui ont joué dans Orchid (sur 5), qui ont sorti cette année Vile Art qui ressemble à du Orchid, oui OK, mais en différent, en plus varié. Et ça c'est plus cool. 

De ces deux groupes dont sont issus les musiciens de Rouille, ne subsistent que les effets d'écho sur les guitares, et le chant rauque et viscéral de Gérôme. Mais la musique se veut plus simple, voire même plus douce, mais pas moins pesante. Pas d'artifices, pas de sur-expérimentations, juste de la colère brute, et des constats intéressants à entendre histoire de cogiter un peu. C'est du punk, tout simplement, même si il est sensiblement teinté du background emo de chacun des membres. Lyricalement, les jeux de mots se font moins présents, c'est désormais des uppercuts francs du collier envers la société qui pourrit, qui va en se laissant mourrir de sa vieillesse prématurée. Ces 7 morceaux sont chacun nourris d'une force incontestable, malheureusement peu valorisée par une production assez hasardeuse : en effet, les guitares semblent bien trop en retrait, alors qu'à l'inverse, le jeu de basse se fait super bien entendre. Ca n'empêchera toutefois pas de prendre plaisir à écouter ces coups de gueule, mais je déconseille de l'écouter après s'être mis la race avec un disque produit par Kurt Ballou, quoi. Je sais pas si c'est la magie d'entendre à nouveau Gérôme chanter ou si c'est juste que c'est cool, mais en soi c'est bien moins saccadé et audacieux que les deux formations dont sont issus le batteur et sir Woodward, et pourtant ça tient bien la route, c'est raw, désabusé, ça sent la hargne, ça prend aux tripes, les instants de montées et de chutes instrumentales des chansons te lancent des piques au coeur, au final c'est juste bien.
 
"On prospère sur nos ruines en tas, le peu d'importance qu'ont les choses les rendent gentiment arables.
À force de se salir les yeux, à moins d'un travail sur l'usure.
On avait failli être bien, pas longtemps et on était déjà loin.
On avait failli être mieux, pas longtemps, on est déjà vieux."
 
Ce groupe, il porte un nom qui fait bizarrement écho aux paroles et aux compositions en elle-même. Des mecs rouillés, qui ont vécu des tonnes de choses dans leur vie usée, mais qui tiennent bon, comme ces braves gens qui tiennent la barre d'un métro beaucoup trop banal chaque matin, comme ces ouvriers qui partent incessamment à la tâche quitte à devenir tâche eux-mêmes, comme ces vieux poteaux des gares éternelles, qui voient passer tout ces trains la nuit, ces choses improbables... Laisse-moi tranquille, j'ai calé ma référence et j'en suis bien content, na. Je pense sincèrement que cet album se vit surtout en live, et que le disque n'est qu'un aspect de l'énergie que réserve le quartet. Si vous voulez écouter du punk de "vieux" briscards qui savent de quoi ils parlent, et non pas de jeunes loups aux dents longues froqués en slim dernier cri qui n'ont pas grand chose de rebelle à raconter, et pas beaucoup plus de convictions personnelles, ne loupe pas le premier LP On Tue Ici. C'est vrai que c'est pas évident d'accrocher au premier abord, vous trouverez peut-être ça déjà entendu, mais j'ai le sentiment qu'ils s'en foutent, qu'ils veulent juste se faire plaisir, dire ce qu'il ne va pas, et point. Au final, ne cherche pas à l'écouter parce que c'est le groupe de X ou Y... Enfin, essaie de mettre ce paramètre de côté.   À force d'écouter, de se concentrer sur les paroles, on se sent concerné, puis touché par ce LP. Le seras-tu autant que moi ? Je l'espère. Bonne écoute les copains.

"A force d'être chiens et chiennes, bientôt nous irons morts. Nos corps grippés longtemps, bientôt crieront à tort, trop morts pour résister, trop morts pour exister."