lundi 6 juillet 2015

Live report : Chaviré + Cruise On The Styx + Coupure @ Le Gambetta Club, Paris, le 26/06/2015



Tu l'as vue, cette fameuse image du mec complètement en osmose qui boit tranquillement un thé dans son mug blanc au premier rang d'un concert d'un groupe de post-rock nommé Braveyoung ? Eh bien en ce 26 Juin au soir, j'ai vu des mecs faire de la cuisine vegan sur le côté de la scène pendant un show punk-hardcore, les marmites faisant du collé-serré avec les amplis. L'illustration assez hallucinante d'une pression inexistante et annihilée, messieurs dames. Bon, histoire de rendre le truc moins fou, c'était la graille pour les musiciens et l'orga. Nous voila ainsi au Gambetta Club, le bar situé juste à côté de la Flèche d'Or. C'est petit, il fait chaud, la sono est naze, mais c'est assez convivial pour y passer un moment pépouze avec des copains, à boire et de la musique cool. Sauf que moi, j'y suis allé tout seul, ma gêne dissimulée de force sous un excès de consultation de smartphone, mais avec la grosse envie de découvrir les nantais de Chaviré en live. Je voulais voir où en était le screamo pur jus en France, et ce qu'en fait la jeunesse nationale, une catégorie de population qui actuellement est un peu trop laxiste quand à son futur, et qui en cette entité musicale semble (pour une infiniment petite partie de cette jeunesse je le conçois) semble se réveiller. À leurs côtés, Cruise On The Styx présentait son premier EP, et Coupure (punk hardcore parisien avec un membre de Bitpart au chant) allait donner son tout premier concert.

C'est justement Coupure qui a foulé la toute petite scène du Gambetta Club en premier. Et ma foi, ce fût fort sympathique : un punk hardcore mélodique plutôt old school, rappelant parfois pas mal la scène punk française de type Guerilla Asso, et proposant même de surprenants riffs sludge sur l'un de leurs morceaux. Il y avait une bonne énergie, le frontman m'a bien fait marrer avec ses paroles manuscrites qu'il avait pris avec lui pour ne pas les oublier, c'était mignon et honnête. Le level "rien à foutre" comme je l'aime ! Dans le même esprit, le guitariste de Cruise On The Styx était balèze. J'ai écouté quelques bribes de leurs morceaux avant le concert, et ça m'a pas rendu fou... Mais en live, ils ont réussi à attirer un peu plus mon attention. Mais avant tout, y'avait ce gratteux, un mec qui a tout son temps, qui le prenait pour aller aux WC alors que son batteur l'attendait pour débuter le concert. 5 minutes plus tard, il est arrivé sans un mot, réglant son instrument et ses pédales avec amour. Et nous voilà parti pour trois quarts d'heure d'un son plutôt old school là aussi, mais pas marqué par une influence musicale précise, ça va dans tout les sens. Même si c'est à dominante post-punk et garage, on y entend du post-hardcore, du rock alternatif 90's, de la power pop... C'est très riche, et ainsi le concert commença sous les meilleurs hospices. Mais le rythme était dur à tenir pour le duo lui-même, accumulant les pépins. Pas bien grave en soi finalement, mais c'était inévitablement une gêne pour l'immersion dans leur univers sonore. Notre guitariste fantasque et très peu bavard s'est d'ailleurs appliqué à rejouer un morceau en entier, après s'être stoppé un peu trop tôt dans celui-ci, et aura rallongé le set de 10 bonnes minutes. Ça devenait long pour pas mal de monde, et à la fin du set ne restait plus qu'une dizaine de personnes, le restant se trouvant dehors autour d'un verre. C'est vrai que leurs titres s'allongent un peu trop, on se perd vite, et c'est dommage parce que comme je le dit plus haut, il y a de la richesse dans leur musique. Un potentiel à développer, et je demande à les revoir, il me rend curieux ce frontman peu loquace. En tout les cas, ce concert a plu à un fan de Booba qui a dû tomber par hasard sur le concert de ce soir au travers d'une errance désespérée dans les rues de Paris, rassurant le batteur sur sa prestation de ce soir d'un très solennel "t'inquiète rhey !".

Avec Chaviré, ce fût une toute autre ambiance. Ça parlait beaucoup plus, et c'était des choses qui se doivent d'être dites. Le discours est déjà fort sur disque, il l'est d'autant plus en live. D'autant plus que c'est ici un groupe dont la moyenne d'âge est à situer dans la vingtaine, et qu'ils ont déjà beaucoup de choses à hurler sur la situation sociale et politique de notre pays. Ouais, Chaviré, c'est le screamo politico-social tel qu'on ne le fait plus depuis qu'Amanda Woodward a rendu les armes en 2006. C'est toute cette scène-là, Belle Epoque, Aghast, peut-être même Anomie, qui influence clairement les garçons, et ce jusqu'au merch totalement DIY et vendu à prix libre, avec notamment un bien beau livret pour accompagner leur démo. Bisous au totebag avec le logo pompé sur celui d'Orchid, et les stickers à l'effigie de la cover du S/T d'Embrace, sauf qu'au lieu d'Embrace bah c'est écrit Chaviré. Je vous rassure (et vous le savez peut-être déjà si vous avez lu ma chronique de leur démo), les garçons ne nous servent pas un copié-collé de X ou Y. On reconnait le fleuron de la scène française certes, mais seulement sur quelques plans, pas dans toute la consistance. Ils nous ont joué trois morceaux de la démo, une reprise du groupe SSD que j'ai du coup découvert ce soir-là, et deux nouveaux morceaux qui vont musicalement encore un niveau au-dessus de leurs compositions actuelles, à la plume affûtée comme une lame de rasoir, celle qui vient trancher à vif l'apathie et l'hypocrisie ambiante. Une rage de vive et de vaincre qui m'a touché, et qui m'a carrément inspiré. J'ai reconnu tout ce que j'aimais dans le screamo, et ça m'a fait plaisir de voir que les fumerolles qui s'élèvent péniblement depuis des années dans les arrières-salles parisiennes se sont ici ravivées. J'attends impatiemment la suite de leurs aventures !

Bisous.





3 commentaires :

  1. EDIT : C'est SSD (ou Society System Decontrol, ou SS Decontrol) et non SSD Control ;) Un groupe mortel, issu du Boston Crew et pierre angulaire du mouvement straight edge. Je te conseille vivement d'écouter le premier LP intitulé "The Kids Will Have Their Say" sorti en coprod sur Dischord records et XClaim! records en 1982. La reprise de Chaviré c'était "Glue", tiré du "Get It Away" 12" EP sorti l'année suivante sur XClaim!.

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    1. Ah donc j'ai mal compris le nom alors, merci de la correction ! Je vais aller écouter ce LP du coup, moi qui cherchait à en savoir plus sur eux après ce concert.

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