mercredi 4 janvier 2017

Avec "Heavenward", Youth Funeral explore encore plus la douleur et la peur.



Vous l'aurez remarqué, j'ai été très peu actif ces derniers temps. J'ai totalement perdu le rythme. Et il y a des raisons à ça. Une sévère procrastination quasi-maladive, couplée à de l'anxiété, des soirées passées à errer dans mes pensées et à chercher qui je suis, entre autres. Mais hey, je suis encore là. Et pendant ces périodes troubles, j'ai eu de parfaits compagnons musicaux. Ce disque en fait partie. Formé en 2013, Youth Funeral a déjà sorti plusieurs releases, dont la dernière en date, I Would Do It All The Time, révélait précisément ce qu'allait contenir Heavenward : une balance entre chaos hyperactif, furieux et brusque, et mélancolie contrôlée, lancinante, voire même traînante. Chez Youth Funeral jouait Raph Bastek, soit l'un des membres de Old Gray, jusqu'à l'excellent EP See You When I See You. Il n'est plus présent, mais l'identité du groupe n'a en rien été changée. J'attendais impatiemment ce disque, tant See You When I See You m'avait marqué, et je n'ai pas du tout été déçu... 

On retrouve les mêmes balances entre mélodies crève-cœur, aussi puissantes que douces, et des avalanches de rythmes et de guitares aussi chaotiques que dissonantes, sans pour autant que l'on se retrouve plongé dans du mathcore primitif... Non, là, on est simplement dans la vision la plus extrême du screamo sans que cela parte dans le tricotage ou le n'importe quoi. En fait, pensez à 3 groupes : Ampere pour le côté spontané et concis, Loma Prieta pour le côté expérimental et "bagarre avec distance de sécurité entre emokids et skrampas", et Takaru pour l'ensemble. C'est en gros un bon name-dropping pour vous mettre dans l'ambiance.

Ce disque, il est nourri à la peur, l'anxiété, la dépression... Comme le dernier Old Gray. Mais les deux disques sont assez différents : alors que Slow Burn est essentiellement basé sur le thème de la perte, la mort, le suicide, les textes de Heavenward se veulent plutôt orientés vers la peur et les troubles liés aux relations qui tournent mal, toute la peine, le doute, la perte de confiance en soi que cela peut engendrer. Ils sont courts, vont à l'essentiel, proposent de petites rengaines qui restent en tête et symbolisent concrètement des états d'âmes. Définitivement.



"Fear will be the death of me" -  "Only In Sleep Safe".

On retrouve les éléments qui ont fait la qualité et la puissance de leur second EP, mais il n'en pas pour autant une bête copie. Ils sont ici savamment poussés à l'extrême, tout en proposant un groove issu du pan un peu plus "violent" du hardcore, ces cordes à vide qui viennent apporter un poids supplémentaire sur les épaules de l'auditeur - de l'auditrice déjà étouffé par cette constriction (l'attaque Pokémon est un sacré bon exemple), potentiellement pris de cours par ce lot d'émotions brutes, et cette atmosphère pesante. Ce que j'aime profondément et ce qui me donne les larmes aux yeux et me fait serrer les poings sur "Confidante", je le retrouve ici, sur "Unthought", sur "Only In Sleep Safe", sur "Perfume"... Oui, cette urgence cathartique, où le chaos et le désordre ne se font pas repoussantes à l'oreille, celle qui te prend à l'âme, qui creuse au fond de ton cœur et ressort par ta poitrine, ta peau, tes yeux, tels des lames tranchantes te rappelant la douleur que c'est d'être, de ressentir.

Mais comme toujours avec le screamo bien fait dans le registre cathartique, cette douleur n'est pas néfaste. Elle encourage à se vider de ses démons, à les côtoyer pour mieux les recracher, à les abattre avec virulence. Après tant de conflits, on a même le droit au répit, à la sérénité, avec "Bloom". Même si, comme en témoigne ces petits accords très légèrement dissonants, le trouble n'est pas loin. La paix intérieure, elle peut s'embraser à la moindre étincelle. Et c'est ce que rappelle le titre suivant, "Armors"...

J'attendais ce disque avec beaucoup d'impatience, curieux de savoir où pourraient m'emmener ces garçons, où allaient-ils repousser leurs limites... Ce disque a eu exactement l'effet que j'en attendais : me donner l'envie de me battre, de me résigner, de pleurer, d'hurler, de me rebattre, de me reposer, d'y croire à en toucher le désespoir, à n'en plus pouvoir.

Bisous.




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Maybe you have noticed it, I wasn’t very active since the last 3 months. I totally lost the rythm. And there’s many personal reasons for that : procrastination, anxiety, self-doubt, lots of evening lying in bed, searching who I am…  But hey, I’m here now ! And during those weird times, I had perfect musicl companions, and this record was great part of it. Born in 2013, Youth Funeral already put out many releases, with the last one to date, I Would Do It All The Time, which precisely revealed the content of Heavenward : a balance between hyperactive, furious and brutal chaos, and controlled, throbbing melancholy. In Youth Funeral, Raph Bastek (member of Old Gray) played until the awesome EP See You When I See You. He’s now gone, by the identity of the band didn’t changed at all. I waited impatiently for this record, knowing how much See You When I See You had marked me, and I wasn't disappointed at all...

We find the same balance between heartbreaking melodies, as powerful as soft, and avalanches of rhythms and guitars as chaotic as dissonant, without however being plunged in primitive mathcore... No, we're simply in a somewhat extreme vision of screamo without being knitting or anything. In fact, think of 3 bands: Ampere for the spontaneous and concise side, Loma Prieta for the experimental side and "brawl with safety distance between emokids and skrampas", and Takaru for the whole thing. This is basically a good name-dropping to get you into the mood. A friend told me that this also sounds like Code Orange Kids. Hey, he's not wrong...

This record is fed by fear, anxiety, depression... Like the last Old Gray LP. But the two records are quite different: while Slow Burn is essentially based on the theme of loss, death, suicide, Heavenward's texts are rather oriented towards fear and disorders linked to relationships that go wrong, The pain, the doubt, the loss of self-confidence that this can engender. They are short, they go to the essential, propose small sentences that remain in mind and concretely symbolize some states of souls. Definitely.


"Fear will be the death of me" -  "Only In Sleep Safe".

We find the elements that made the quality and the power of their second EP, but it isn't a simple copy. They are here skilfully pushed to the extreme, while proposing a groove coming from a little more "violent" side of hardcore (that probably comes from their dope side-projects Death Injection and Glory), these "chugga" strings that bring added weight on the shoulders of the listener already suffocated by this constriction (the Pokémon attack "constrict" can be a good example tho), potentially caught short by this batch of raw emotions, and this heavy atmosphere. What I love deeply and what gives me tears in the eyes and makes me clench my fists on "Confidante", I find it again here, on "Unthought", on "Only In Sleep Safe", on "Perfume"... Yes, this cathartic emergency, where chaos and disorder are not repulsive in the ear, the one that takes you to the soul, which digs at the bottom of your heart and comes out through your chest, your skin , then your eyes, like sharp blades, remind you of the pain that it's to be, to feel.

But as always with good screamo in a cathartic register, this pain is not harmful. She encourages to empty ourselves of our demons, to rub shoulders with them in order to spit them out of our bodies, to defeat them with virulence. After so many conflicts, we have the right to respite, to serenity, with "Bloom". Even if, as evidenced by these sweet but very slightly dissonant riffs, the trouble is not far. Inward peace can flare up at the slightest spark. And this is what "Armors" the following song, recalls us...

I waited for this record with great impatience, curious to know where could take these boys, where were they going to push their limits ... This record had exactly the effect that I expected: The desire to fight, to resign myself, to weep, to howl, to rebalance, to rest, to believe until reaching despair, to no longer be able to do anything.

XOXO.


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