lundi 23 avril 2012

Chronique : AqME - Epithète, Dominion, Epitaphe



Nostalgie. C'est le mot qui me vient en tête en pensant à AqME. Ah, la Team Nowhere, cette team qui a bercé l'adolescence de beaucoup d'entre nous, arrivé en plein boom du "frenchcore"... Aujourd'hui, elle est déchirée, enterrée, voire même humiliée. Pleymo est mort : Fred, le batteur, est parti frapper chez deux bons groupes, Hewitt aujourd'hui mort lui aussi, puis actuellement chez Aliases. Il est également le batteur de scène de... Jena Lee. Dur. Marc, le chanteur, est devenu un très bon photographe, et un réalisateur, qui réalise pour beaucoup trop de daubasses, malheureusement (Eskemo, Pascal Obispo...). Le reste est parti chez les devenus ridiculeusement niais et vendus Enhancer (déja que ca ne volait pas bien haut à l'époque), ou bien dans des projets post-Nowhere ratés ou denevus beaucoup trop mainstream, comme Empyr, Die On Monday, Vegastar... Wünjo n'est plus depuis 2008, de ses cendres sont nés Bukowski et Vera Cruz, deux très bons groupes. Et Watcha ne donne plus de nouvelles, après un "Falling By The Wayside" pourtant furieux et pas mal du tout, ou le groupe avait reprise du poil de la bête.

Reste alors AqME, le vilain petit canard du crew, différent du reste du clan, qui au travers des modes et du temps a toujours continué tranquillement son petit bonhomme de chemin dans son coin, et évolue, sort des albums toujours plus marquants et inspirés, bien loin de la Team Nowhere. Ce groupe, c'est un peu l'équivalent des Deftones contre le nu-metal aux USA, enfaite. Et en 2012, voilà que nos messieurs dames reviennent plus agressifs et inspirés que jamais avec un nouvel opus au nom mystérieux, qui se suffit à lui-même pour annoncer du très lourd : "Epithète, Dominion, Epitaphe". Cet album poursuit sur le chemin abrasif et plus lourd qu'avait entamé "Hérésie", et qu'avait suivi "En L'Honneur De Jupiter", tout en se décomplexant totalement et en se modernisant. D'un riff technique inattendu, on passe à du AqME pur et dur (les mélodies glauques, lourdes et mystérieuses qui caractérisent à elles seules le groupe), en passant par un ou deux subtiles breakdowns, quelques passages death, et surtout par ce qui m'as le plus marqué et conquis : Les grosses influences post-hardcore de la lignée Cult Of Luna (dont le percussioniste, Magnus Lindberg, produit l'album, quel putain de boulot de sa part!) ou de Neurosis. J'étais persuadé que, depuis "Hérésie", le groupe se dirigeait vers ce style. J'en ai ici la preuve absolue, surtout quand l'on voit qui produit l'album. Jamais l'on ne s'ennuie sur cet opus, chaque morceau est changeant et complet (complexe?), bonne nouvelle pour ceux qui avait reproché aux deux précédents d'être longuets. Décompléxé, le groupe l'est également en invitant sur "My English Is Pretty Bad" deux figures radicalement différentes du metal français. D'un côté : monsieur Stéphane Buriez, très grand nom du metal hexagonal, officiant dans le groupe thrash Loudblast, un des pionniers du metal français. De l'autre côté : Junior, chanteur des bien plus modernes metalcoreux de Darkness Dynamite. Sur ce titre, les trois chanteurs hurlent et growlent à l'unisson sur un refrain terriblement puissant. Gros coup de coeur sur "Luxe Assassin" qui est, à mes yeux, une véritable tuerie, passant du meilleur des nouvelles influences post du groupe, au plus flamboyant du metal alterno qu'il a toujours incarné et personnifié, l'instru est majestueuse, aussi bien atmosphérique que puissante, Thomas, le chanteur, y est au meilleur de sa forme. Quelle performance de sa part, d'ailleurs, sur cet opus, un grand bravo à lui! Il n'as jamais été aussi céchaîné et posséde au chant, à en avoir les frissons... On peut aussi relever "L'Empire Des Jours Semblables" avec ses petites notes death bien placées et ses belles parties mélodiques, "Idiologie", qui démarre fort l'album, un pur tube metal, aux accents metalcore et au refrain immense (qui d'ailleurs faisait des ravages chez ma clientèle du 3ème âge lorsqu'il passait pendant les pubs de Oui FM, la radio qui tourne à mon boulot), la puissante en ennivrante "Quelque Soit Le Prométhéen (Ou Le Nihiliste)", ou "Plus Tard VS Trop Tard", avec ses ambiances et son solo inattendu qui relève le morceau. Tous les titres ont leur personnalité, leur petit quelque chose. Le guitariste et la section rythmique fournissent un boulot vraiment formidable. Rappelons qu'ils ne sont plus tout jeunes, mais ils ont gardé une pêche folle, toute leur énergie, et ont chacun fourni un travail dantesque.

Conclusion : Quelle gifle! Mes oreilles en sifflent encore. Varié, rentre-dedans, lourd, terriblement efficace, et même super planant, cet album surprend réellement. Le groupe n'appartient finalement à plus aucune case, ni à aucune Team. Ils deviennent encore plus eux-mêmes et ravagent tout sur leur passage. Ils se renouvellent et se modernisent encore, les plus jeunes seront séduits, les plus vieux fans seront sans doute surpris, puis conquis. Je n'aurais jamais pensé qu'AqME pouvait se dévergonder et encore me surprendre autant. Quelle bonne surprise et quel bonheur de les retrouver toujours au top! Mais... Revoilà la nostalgie... Peut-être le saviez-vous déja: Thomas a quitté AqME pour se consacrer à sa deuxième passion, le tatouage. Un vrai coup dur. Le chanteur des déments The Butcher's Rodeo a pris la relève et ne va sans doute pas faillir à sa tâche, mas on y était tant habitué, à Thomas, il donnait une telle personnalité à AqME. Et il nous a livré une telle performance sur cet opus, qu'on en attendait encore... Eh bien quelle hérésie.

Tracklist :


1. Idiologie
2. Quel Que Soit Le Prométhéen (Ou Le Nihiliste)
3. Epithète, Dominion, Epitaphe
4. Luxe Assassin
5. L'Empire Des Jours Semblables
6. Adieu!
7. My English Is Pretty Bad (avec Stéphane Buriez et Junior)
8. Marketing Armageddon
9. Plus Tard VS Trop Tard
10. La Dialectiques Des Possédés
11. 110.587

L'album est sorti le 10 Avril 2012, chez AT(h)OME. Il est disponible sur Internet (iTunes, Amazon...), et autant dans les grandes enseignes culturelles que les plus petits disquaires.

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