lundi 10 septembre 2012

Chronique: When Icarus Falls - Aegean


Ah, When Icarus Falls. Je les ai découvert il y a quelques semaines, sur l'excellente page Facebook "Post-rock", avec un titre de leur 1er EP. J'avais totalement accroché à cet EP, au son abrasif, incisif, et en même temps très atmosphérique de celui-ci. J'avais alors une certaine attente sur ce nouvel album, "Aegean", qui apporte donc une nouvelle pièce à l'édifice du hardcore suisse déjà assez impressionnant (Nostromo, Elizabeth, Le Pré Ou Je Suis Mort, Lifeaswar...). J'ai déja beaucoup apprécié d'avoir reçu un véritable exemplaire de l'album (l'artwork est superbe, très cohérente avec les morceaux du CD, très beau boulot), et non un exemplaire promo, merci à eux ^^. Vont-ils me régaler davantage, nos petits suisses ?

Eh bien plutôt, oui. D'autant plus que le concept de l'album est très intéressant. Il est basé sur les travaux de Elisabeth Kübler-Ross, une psychiatre suisse renommée, qui avait décrit en 1969 les "cinq phases du mourir" : Le déni, la colère, le marchandage, la dépression, et l'acceptation.

 Il faut savoir que au moment où je rédige la chronique, je suis en pause déjeuner, en plein soleil. Des conditions d'écoutes parfaites. Mais voilà, problème de taille, horreur infâme: du zouk et du ragga-dancehall, poussé à fond depuis une fenêtre voisine. Vite, une réplique !  "A Step Further" commence avec de lourdes notes de piano, qui saturent de plus en plus, nous emmenant vers de gros riffs tout aussi lourds et un cri perçant et surpuissant. C'est d'emblée très prenant et planant. Ce titre nous donne un bel aperçu de l'album. Ici, pas de fioritures ni de technicité folle, c’est crasseux, lourd, sombre, sludgy, mais toujours plein d'atmosphères post-hardcore frissonnantes. On enchaîne tout en douceur sur le titre "Aegean", qui débute tout en beauté, avant que le morceau n'explose assez vite. Je reste sans voix devant la puissance du cri de Diego, vraiment poignant, s'accordant à merveille avec l'atmosphère qui se dégage des instrus, dont celle-ci, influencée post-rock. J'aime beaucoup le plan avec les cymbales, qui monte doucement en puissance. Et j'aime l'instru qui prend tranquillement le temps de monter en puissance (et ce même quand le morceau explose), de laisser hurler Diego. Ce cri qui peut être aussi aigu que très gras (presque growlé, un peu comme chez Memories Of A Dead Man), plein de douleur, de vécu. Un petit coup de cœur. On enchaîne ensuite avec "Acheron - Eumenides", qui nous embarque dans une atmosphère mystérieuse, presque mystique. Ce titre me fait remarquer que j'aime beaucoup le jeu de batterie puissant et rythmé de cet album. Ce titre ne trahit pas ses prédécesseurs: tranquille, progressif, mais très lourd. Et puis cette basse diabolique... Le titre suivant, "The Asphodel Meadows (Part 1) se veut différent des titres précédents, car plus mélodique, et entièrement instrumentale. Et l'on retrouve le piano du début, toujours aussi sombre. Une sorte d'interlude, reposante, avant un nouveau brûlot, nommé "What We Know Thus Far (An Inner Journey)", qui reprend sur les terrains abrasifs et explosifs des premiers titres. Un nouvel ersatz de catharsis, de lourdeur, de chaos lent. Mais... C'est quoi ces "Hands up ! Hands up !" sur le plan instrumental ? Ah, c'est le zouk de l'immigré qui squatte le bureau d'en face. Il me gâche mon album, le con. Pas de problème, je pousse le volume à fond. Et il réplique en plus, EPIC FIGHT! Bref. Quelle surprise que le morceau suivant, "Tears Of Daedalus" ! Un morceau entièrement joué au piano, avec des violons sombres et mélancoliques, qui pourrait sans problème être un titre d'une B.O d'un anime ou d'un film. Et ce cri complètement possédé et désemparé, d'abord lointain, et qui ensuite explose à la face de l'auditeur... Comme un appel à l'aide. Vraiment magnifique, une superbe transition avec le titre final, "Hades", qui commence avec des guitares hypnotisantes, et toujours ce hurlement perçant et plein de rage, un des passages les plus violents de l'opus. Si j'oublie les affreuses vocalises de la chanteuse du CD de l'antillais d'en face qui me gâche le morceau, c'est un morceau qui fait unité avec les autres, toujours aussi puissant. Mais celui ci devient de plus en plus mélodique et ensoleillé au fur et à mesure que le morceau avance. Et c'est avec une victoire sans merci contre la musique du voisin que le morceau laisse échapper une toute belle envolée post-hardcore, avant de se laisser mourir sur un plan sludge gras et chaotique comme jamais.

Conclusion: Voilà des petits suisses qui m'ont bien calé ! Un remède très efficace contre le zouk ;). Cet album est dans l'ensemble très tranquille, mais est bouffé par le chaos, le noir, ce qui le rend justement dérangeant, mystérieux au possible. Les atmosphères post-hardcore passent comme une lettre à La Poste et donne de la puissance aux compositions. Mention spéciale aux deux morceaux de transition, notamment "Tears Of Daedalus" qui m'a vraiment touché et surpris, et au concept général de l'opus. Cet album est une belle confirmation pour le groupe, et un beau voyage, je n'en attendais pas moins. À mettre à fond quand votre voisin antillais allume sa stéréo, victoire garantie!


Tracklist:

01. A Step Further
02. Aegean
03. Acheron - Eumenides
04. The Asphodel Meadows (Part 1)
05. What We Know Thus Far (An Inner Journey)
06. Tears Of Daedalus
07. Hades

"Aegean" est disponible en physique ici.

Aucun commentaire :

Enregistrer un commentaire