vendredi 14 février 2014

Chronique : Ravin - S/T



On devrait se réjouir bêtement de ce 14 Février hein ? Ben non, moi j'm'en savonne le gland, j'irais cracher sur les statuts Facebook dégoulinants de niaiseries et de moutonneries de ces couples qui se ruent sur ce jour pour fêter leur amour, en un jour commun à des milliards de personnes, enlevant ainsi toute originalité, toute intimité à l'événement. Je vais bien évidemment me rappeler à ma solitude pesante en voyant tant de couples s'afficher égoïstement, faisant languir les âmes seules, comme si pendant un jour elles étaient la lie de cette société. Et puis pour me consoler vainement, j'irais sombrer dans le Ravin. Ouais, je me laisserais sombrer dans cet abyme de colère, de souffrance, de rage se déchirant violemment sur ce sol brinquebalant qu'on foule chaque jour qui passe de nos pieds d'argile. Des adjectifs qui décrivent parfaitement bien le premier EP de cette formation, side-project de membres de Last Tango Theatre (pour moi l'un des meilleurs groupes de post-hardcore français), et des cendres encore incandescentes de feu From Heaven We Fall. Un EP illustré par une fleur noire, représentant une nature morte, noircie, comme si elle fut carbonisée par ce feu ardent, virulent, qui s'annonce.

10 titres, 8 brûlots acerbes, flamboyants, une véritable érosion dans les paysages que tu t'imagines dans ta tête chaque jour. Une éruption de violence fataliste et dramatique, touchant au plus profond de notre être qui ne peut que s'agenouiller devant un tel assaut rythmique et émotionnel, ayant à peine le temps de respirer lors d'une interlude brute de décoffrage, ou l'on entend les petits défauts des instruments, ou tout sonne vrai, simple, beau. Une avalanche apocalyptique qui se meurt brutalement en même temps que toi, laissant derrière elle un dernier souffle, une sournoise mélodie, aussi attendrissante que funeste. Le peu de douceur qu'il reste se veut piquante, lacrymale, cathartique. Tu t'endors dans ces rêves désespérés de douceur, de tendresse, d'espoirs. Pour toujours.

Une fureur chaotique parsemée de mélodies continuellement déchirantes habite cet album étonnant de force et de contenu pour un tout premier effort. Pensez Ampere, Birds In Row, Loma Prieta. Ce disque est tout simplement une étoile filante, passant aussi vite que la lumière brillante qu'elle dégage, laissant derrière elle une traînée de lumière, les restes de ton esprit que l'astre aura dissout dans sa course folle vers une éternité bien sombre. Car oui, ce disque, tu risques de te le repasser encore et encore, une infinité de fois, en sombrant le plus loin possible dans la noirceur de ce ravin profond, pour ne plus jamais en ressortir, parce que tu t'y sentiras bien, paradoxalement, dans ce gouffre. De toute manière, "We don't give a fuck", ("Youth").

Ce disque, après tout, il sera bien plus réconfortant que la nana que j'aurais pas. Ni celle de mes rêves (qui passera peut-être par ici, qui sait), ni aucune autre. Juste cet album, encore et encore. Le skramz pour de vrai.


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